URANIES (2000)

« Back to works

série: Les URANIES (2000)

Voici un cas typique où le déroulement de l’idée (le Désir), s’est longuement développé avant toute approche concrète.
M’est venue en tête la vision d’une vitre embuée donnant, la nuit, sur un jardin où une lune passerait lentement à l’horizon. J’imaginais voir ce paysage à travers des graffitis maladroits tracés au doigt sur cette vitre d’hiver, avec les coulures qui en dégraderaient petit à petit le dessin. C’est alors que, en traversant mentalement la vitre et passant par l’esprit de la pièce éclairée au jardin sombre, m’est apparu l’étrange ambiguïté des dessins tracés sur la vitre…
Comprenez : Si, depuis un local éclairé, vous passez le doigt sur une vitre embuée donnant sur la nuit, votre trait se lira comme sombre par rapport au reste de buée. Mais si vous sortez dans le jardin pour observer votre local à travers la vitre, votre surprise sera de découvrir le dessin, inversé bien sûr, mais surtout, devenu clair par rapport à la grisaille de la buée…N’est-ce pas-là ici définition que l’on donne à un négatif photographique ?
De fil en aiguille, ce n’est donc pas une mais deux images (positive et négative) que je devais concevoir. Une paire indissociable pour décrire et le dedans et le dehors. Restait l’image de la lune et de sa course lente. Le travail serait donc une séquence où je ferai sur la vitre autant de dessins que le nombre d’étapes nécessaires pour exprimer le lent passage de cette lune allant de son premier au dernier quartier. J’en fixai le nombre à sept. Tout le reste ne fut plus que quincaillerie d’exécution : Travail dans le noir, mise en scène des feuillages, semblants de quartiers de lune lumineux passant de droite à gauche, dessins au doigt sur une vitre embuée.
Il me faut avouer que je ressens ce travail comme un peu bâclé. Trop d’impatience effraye la muse. Mes fantasmes de départ peinent à apparaître sur ces images laborieuses.  Peut-être ici une belle démonstration de la difficulté à traduire une sensation en quelque chose de visible.

7 éléments en paires (positif et négatif) 80 x 60 cm. Épreuves au chlorobromure d’argent.Marouflés sur aluminium.

Here is a typical case of an idea (Desire), unfolding at length before it is put into effect.
A vision came into my mind of a steamy window looking onto a garden on a winter night, with the moon slowly moving across the horizon. Imagined seeing the outside through scribbles traced by a finger on the glass, with trickles of condensation gradually obliterating the drawing.

Looking through that window in my mind’s eye, my spirit passing from the bright room into the sombre garden, I was struck by the ambiguity of the drawings on the window … Think: if you are in a lighted room and you trace your finger over condensation on a window looking out into the night, what you have traced will look dark compared to the surrounding condensation. But if you go outside and look into the room through the window, you will surprised to see that your tracings are not only inverted, but also look lighter than the grey-looking condensation… Is this not the perfect definition of a photographic negative?
One thing leading to another, I realised I had to create not one but two images, one positive and one negative. an inseparable pair to describe both indoors and outdoors. I still had to deal with the image of the moon in its various phases. The work would therefore be a sequence and I would draw on the window as many times as the number of steps necessary to express the moon’s slow progress from its first to its last quarter. I set the number at seven. All that remained was to organize the practical side: working in the dark, arranging the foliage, simulating the quarters of the moon passing from right to left, drawing with my finger in the steam on the window.
I must admit that I feel this was a rather hasty job. Too much impatience frightens off the muse. The ghosts of my original idea scarcely feature in these laborious images.
This may be a good example of how difficult it is to translate a sensation into something visible.

7 paired elements 80 x 60 cm. Silver chlorobromide prints.